" En pressant les talons sur le périnée, on contracte l’anus en tirant Apâna vers le haut: ceci est nommé Mûla-bandha " Hâtha-yoga-pradipika -stance 61
Mûla bandha est l’une des grandes techniques du yoga tantrique
Mûla bandha (1) est la contraction du sphincter externe de l’anus.
Cette zone correspond à un âdhâra(1), Mûlâdhâra, situé au centre du chakra qui porte le même nom, le Mûlâdhâra chakrâ.
C’est le siège d’Apâna, l’énergie excrétrice, celle qui vide, qui dilue, qui tire vers le bas, qui entraîne l’individu dans l’animalité, l’énergie qui s’oppose à l’esprit.
Apâna est le souffle expiré, la tendance qui nous maintient dans la dualité, le doute, l’hésitation. C’est la porte par laquelle on se vide de sa force, celle où les fortes émotions nous privent de notre stabilité et de notre autonomie.
C’est également le lieu qui gère les énergies ordinaires et qui les transcende, les concentrant dans l’axe vertical qu’est la colonne vertébrale.
C’est un terminal nerveux important où se joue bon nombre de nos fonctionnements physiologiques.
Mûlabandha est donc un geste qui permet d’inverser le courant de l’énergie Apâna, de créer une alchimie dans notre énergie animale, de la diriger vers la conscience.
En inversant ce courant, on élimine la fuite la plus importante de sa structure énergétique. La conséquence est un bénéfice de puissance important rendant tout plus facile dans notre vie et, dans le temps, le désamorçage des pulsions négatives que nous avons évoqué plus haut.
Comment pratiquer Mûlabandha ?
La technique n’est pas difficile à expliquer, il suffit de serrer d’une manière stable le sphincter externe de l’anus. Il ne faut pas le serrer trop fort mais d’une façon continue, sans relâchement ou variation d’intensité.
Quand on commence, on pense rapidement que cela est impossible. On passe son temps à contracter l’anus et à s’apercevoir qu’on l’a relâché inconsciemment.
Quand on arrive à maintenir Mûlabandha une minute d’affilée, on s’estime content. Il n’y a d’autre méthode que de faire et refaire, avec obstination mais sans contraction.
Il faut le faire chaque fois que c’est possible
Dans toutes les techniques du yoga bien sûr, puisque sa présence est indispensable, mais aussi dans la vie, en toutes situations, et même quand on s’endort ou se réveille, à chaque fois qu’on y pense.
Il peut être pratiqué en technique autonome, en assise. Immobile, on concentrera son attention sur la stabilité du geste, la respiration sera légère, on portera son regard sur la pointe du nez, les yeux ouverts ou fermés. Au bout de quelques minutes, on devrait sentir « quelque chose » dans l’axe, dans la zone de la colonne vertébrale, comme un frisson, une vibration, un étirement. C’est bon signe, cela signifie que la technique commence à agir sur l’énergie.
On peut également utiliser les postures qui font écarter les jambes, comme kûrmâsana, mahâkonâsana, pashâsana.
Certains souffles qui activent le ventre sont propices, comme bhastrikâ.
Au fur et à mesure de l’entraînement, tout devient plus facile, plus automatique
Un jour on constate que cette contraction de l’anus s’est installée naturellement, qu’il n’y a plus d’effort à faire, tout se fait tout seul. C’est gagné, et tant au niveau de la santé, de la jeunesse, de la puissance, de l’énergie que de la stabilité personnelle, on récolte pleinement les fruits de plusieurs années d’attention. On aura bien sûr eu quelques cueillettes avant.
Source - enseignement nâtha-yoga
1 - Mûla bandha mudrâ : technique du yoga essentielle consistant à garder en permanence l'anus contracté.
2 - Adhâra : lieux de force du corps énergétique qui servent de lien et de passage entre le corps physique, énergétique et mental. On en utilise entre 16 et 32, mais il y en a des centaines. En général les âdhâra sont au centre de chakrâ